Lettre à Mme Monique Côté, prés. du SFMM

Montréal, le 9 juillet 2006



Madame Monique Côté
Présidente du Syndicat des fonctionnaires municipaux de Montréal (SCFP-429)
429, rue de La Gauchetière Est
Montréal (Québec)
H2L 2M7



Objet : Prolongement des heures d’ouverture des bibliothèques de l’ancienne Ville de Montréal



Madame Côté,

De grands changements s’opéreront dans le monde des bibliothèques de l’ancienne Ville de Montréal et ce, suite à des engagements électoraux du maire et de son parti, suite à un rapport du Service du développement culturel de la Ville de Montréal («Diagnostic : pour un portrait fonctionnel des bibliothèques municipales de l’Île de Montréal», décembre 2003), suite à l’événement «Montréal, capitale mondiale du livre», etc. En effet, la Ville a décidé que, dans un très court terme (au plus tard en janvier 2007), les bibliothèques seraient ouvertes 360 jours par année avec une accessibilité hebdomadaire de 53 heures. Actuellement, les 26 bibliothèques du réseau sont ouvertes au public moins de 290 jours par année avec une médiane d’accessibilité publique hebdomadaire de 39 heures, pour les sessions automne et hiver, et de 35 heures, pour la session été. Ces changements seront donc majeurs.

Tout en étant en accord avec cette augmentation des services à la population, les membres que nous représentons sont pour le moins inquiets des conséquences de cette décision sur leurs conditions de travail. En feront-ils les frais?

Déjà, dans la situation actuelle, les aides-bibliothécaires auxiliaires contribuent pour environ 50% du temps travaillé dans les bibliothèques : vous conviendrez que cela est une aberration. Aberration encore plus significative quand on sait qu’une cinquantaine de jours par année, 100% des heures travaillées le sont uniquement par des auxiliaires (les dimanches, entre autres). Présentement, sans qu’il n’y ait aucune modification aux horaires, il y a place pour la création d’au moins 50% de plus de postes permanents que ce qui existe actuellement. Si, de surcroît, la Ville ajoute aux environs de 70 jours / année d’ouverture (soit un ajout d’au moins 24% en termes de jours d’ouverture) ainsi qu’une augmentation de 14 heures d’ouverture hebdomadaire de plus que la médiane automne / hiver (soit un ajout de plus de 35%) et de 18 heures d’ouverture hebdomadaire de plus que la médiane été (soit un ajout de plus de 51%), il y aurait donc plus que place pour la création de postes permanents supplémentaires.

La situation actuelle des technicienNEs semble similaire à celle des aides-bibliothécaires. Celle des surveillantEs d’installation, à notre connaissance, est pire.

Les changements qui s’en viennent touchent autant les permanentEs que les non-permanentEs car les principales conséquences possibles voire prévisibles de cette décision municipale pour les travailleuses et travailleurs des bibliothèques sont celles-ci : augmentation marquée du travail précaire, déplacement du travail des permanentEs dans des cases horaires «sans prime» (pour les permanentEs, les primes représentent environ 6% de leur salaire) et déplacement du travail auxiliaire vers les cases horaires «avec prime» (primes auxquelles les auxiliaires n’ont pas droit) pouvant entraîner l’augmentation d’horaires fragmentés, par exemple de 16 :00 à 20 :00 heures la semaine en plus des samedis et dimanches.

Il y a de quoi être inquiet!

Ce qui ajoute à l’inquiétude, c’est que nous n’avons aucune nouvelle de notre syndicat à ce propos. Et quand on dit aucune, c’est aucune!

Pourtant, l’augmentation des heures d’ouverture des bibliothèques est un sujet à l’ordre du jour depuis quelques années. Les décisions financières sont prises depuis quelques mois. Et même quelques arrondissements ont déjà pris des décisions en ce sens. En effet, à notre connaissance, au moins un arrondissement (Mercier / Hochelaga / Maisonneuve) a imposé l’ouverture de ses quatre (4) bibliothèques les dimanches pendant l’été 2006 et d’autres arrondissements ont déjà prévus des horaires de 47 heures d’ouverture pour l’automne 2006 et de 53 heures d’ouverture dès janvier 2007. Tout ceci sans que jamais nous n’ayons entendu parler d’une implication de notre syndicat dans ces processus.

Pourtant, il y a quelques semaines, le secrétaire général de notre syndicat, M. André Dollo, ainsi qu’un vice-président, M. Gaétan Scott, ont été mis au courant de la situation.

Pourtant la Loi modifiant la Charte de la Ville de Montréal, sanctionnée le 18 décembre 2003, oblige les arrondissements à négocier les horaires de travail, à l’exclusion de la durée du travail. Autrement dit, le droit de gérance a des limites légales. L’occasion serait belle pour négocier, en contrepartie de l’acquiescement à la modification des heures de travail, la création de postes permanents, ce qui permettrait un rattrapage sur la situation actuelle puis, ensuite, une augmentation du nombre de postes permanents en fonction de l’augmentation du nombre de jours d’ouverture et d’heures d’ouverture.

Les membres que nous représentons sont non seulement inquiets de l’avenir mais aussi inquiets du silence.

C’est pourquoi, Madame Côté, nous vous prions de nous communiquer, le cas échéant, le plan d’action syndicale ainsi que les objectifs qui seront mis de l’avant. Dans tous les cas, il nous semble qu’il serait urgent de réunir, dans un premier temps, les déléguéEs concernéEs afin de soit élaborer un plan d’action syndical, soit d’en discuter. Vous l’aurez compris, ce sont les conditions de travail de l’ensemble des travailleuses et des travailleurs des bibliothèques qui risquent de se détériorer de façon dramatique.

Nous espérons obtenir une réponse dans les plus brefs délais puisque des décisions sont déjà prises et elles nous affecteront.

Il va de soi que nous nous tenons à votre entière disposition.

Syndicalement vôtre,



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Marie-Josée Rivard


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Pierre Gélinas


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Ghislain Morin

DéléguéEs syndicaux
Bibliothèques et Maisons de la culture
Arrondissement Côte-des-Neiges / Notre-Dame-de-Grâce

cc : M. André Dollo
M. Gaétan Scott
M. Alain Cormier
Membres bibliothèques de l’arrondissement Côte-des-Neiges / Notre-Dame-de-Grâce