lundi 4 février 2008

Humeur de K: it's

It's Not Broken, But Let's Fix It!

" ...Dans les tours de l'ennui
Tout l'monde veut prendre de l'altitude de l'altitude
À Cash City... " (1)

Mais comment, lorsqu'on est un-e cadre, peut-on prendre de l'altitude? Comment revaloriser sa fonction, son importance dans la machine, son salaire, son plan de carrière? Une bonne vieille méthode consiste à créer un niveau supplémentaire de cadre sous le nôtre. Prenons un exemple au hasard : vous êtes Directeur de la culture, des loisirs et des sports dans l'arrondissement CDN-NDG. Vous avez entre vous et les quatre bibliothécaires de l'arrondissement une Chef de division Culture et bibliothèques. Un seul étage hiérarchique entre vous et des gestionnaires syndiqués. Un peu minable. Créons donc le poste de Chef de section - bibliothèques et puis, au diable la dépense, un bon salaire avec ça, mettons 80,000 $. Du coup, on gère plus de cadres, une plus grande masse salariale, on a pris de l'altitude.

Mais ça fait quoi un-e Chef de section - bibliothèques? C'est qu'avant, on s'en passait très bien. C'est là que l'Art de l'Illusionniste intervient. Voyez, voyez : avant, ça allait très mal. La qualité du service était compromise. Les syndiqué-e-s en menaient large. Certain-e-s, parents de leur état, pouvaient obtenir une journée de fin de semaine avec leurs enfants. D'autres, deux journées chômées consécutives dans la semaine. Des établissements pouvaient se retrouver livrées aux mains d'auxiliaires pendants des journées entières alors que des permanents récoltaient un exorbitant 15 % de prime les samedis (15 % sur 17,81 $ l'heure, la Ville peut bien être dans le trou!). Bref, l'anarchie régnait... et nous allons y mettre bon ordre en rapatriant les horaires, les vacances et quelques autres babioles à l'arrondissement où une cadre nouvellement nommée se trouve quelque peu désoeuvrée.

Voici comment on en arrive à ce que les horaires soient conçus selon des directives qui viennent de l'extérieur, sans une pensée pour la conciliation travail-vie. Sans se soucier de l'impact sur les humains qui font vivre ces bibliothèques et qui par leur implication personnelle en font de meilleures bibliothèques. Mais là n'est justement pas la question. L'idée n'est pas de faire de meilleures bibliothèques. L'idée n'est pas de travailler avec des humains, de construire sur ce qui fonctionne pour offrir un meilleur service aux citoyens. L'idée, c'est de prendre de l'altitude et surtout d'en faire prendre à son plan de carrière.

Le hic de l'affaire, c'est les humains. C'est nous.

Dans les derniers mois, nous sommes sortis de notre mutisme. Nous nous sommes bruyamment manifestés " dans les tours de l'ennui ". Nous avons agacé les politiques. Nous avons rallié nos instances syndicales. Nous les avons obligés à négocier. Nous les avons fait douter.

Quant à moi, nul doute dans mon esprit que notre plus grande réalisation de ces mois de mobilisation est de s'être rencontré et reconnu comme des personnes humaines à qui on n'arrachera pas leur dignité pour alimenter un plan de carrière. En cela, nous avons certainement pris de l'altitude.


(1) Luc De Larochellière

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